Je suis sculptrice.
Ma pratique plastique se nourrit de gestes anciens, et plus contemporains, elle part du corps, questionnant le milieu dans lequel ce corps évolue.
Je travaille principalement la taille directe sur bois.
J'aime me confronter à des espaces qui ne me sont pas familiers, bousculant mes habitudes de faire, et de penser, découvrant des gestes, confrontant mon corps à des "nouveaux possibles", nouveaux enjeux.
Il y a donc la taille directe, il y a aussi l'écriture, le dessin, la marche,
il y a le bois, le plâtre, la terre,
il y a du fil, de la laine, des cornes, des poils,
Il y a des lieux d'échanges et ceux de solitude.
Après une formation aux Beaux-arts de Toulouse (5ans-DNSEP design espace), j'ai travaillé comme designer d'espace, puis enseigné dans des écoles au métier de DMA (diplôme de métier d'art) à Paris.
Je suis partie ensuite à l'étranger et réintégré un long cursus aux Beaux-Arts de Paris, en sculpture taille directe et en morphogenèse, avec Sylvie Lejeune, durant 4 ans.
De la sculpture en taille directe, j'aime le corps à corps, la relation à l'espace, aux rythmes, au son.
Une confrontation s'opère, un champ des possibles qui s'ouvre largement, permettant un lien direct avec le corps, la matière et l'espace. Un lien qui me conduit vers une forme d'intimité, vers un rapport que j'entretiens avec la terre, celle de l'enfance, des ancêtres, des origines, qui me renvoie à l'intime de la caverne, des premiers gestes.
La question des gestes est récurrente dans mon travail ; quelles sont les habitudes et les rituels qui perdurent et ceux qui disparaissent ? Quels sont les gestes que nous gardons et ceux que nous ne faisons plus ? Que nous oublions ?
La question du corps, aussi, ce qu'il mémorise, ce qui l'habite. Quel lien entretient-on avec les nuits, les noirs profonds, les cavernes et les éclairages au feu ? Et les bêtes, comment vivons-nous avec elles aujourd'hui ?
Comment mangeons-nous aujourd'hui ? Comment nous abritons-nous ? Quelle forme ça prend ?
L'origine de ces questions, qui vient parfois de souvenirs, de mémoires, de gestes, de lieux aussi qui n'existent plus, de durée modifiée et de temps suspendu, m'a emmenée sur le territoire vaste de recherches liées à la morphogenèse.
J'aime le corps en contact avec la terre
J'aime arpenter les terres
J'aime y poser mes pieds, sentir le sol, humer la terre, être dans un silence et la lenteur, dans l'attente même.
Je cherche à établir une forme de connexion avec un temps d’avant pour comprendre celui d'aujourd’hui.
Passer une nuit avec les bêtes, les écouter dormir,
s'asseoir dans un champ en plein soleil,
se rouler dans l'herbe,
déplumer un poulet…
Expérimenter ce qui n’est plus
Retourner dans la caverne
et voir quelle forme ça peut prendre.